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Résumé :
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Thomas More et Érasme sont célèbres pour leur place majeure dans les débats confessionnels de leur temps. Confrontés à la Réforme, ces deux humanistes sont en effet contraints de réagir à la conduite et aux publications incessantes de Martin Luther dans la décennie 1520 qu'ils jugent comme autant de provocations contre l’Église catholique ancestrale. S'ils aspirent eux aussi à une réforme, ils souhaitent la conduite en douceur, avec un langage maîtrisé et non violent. Ainsi, alors que leur siècle réclame des diatribes, les deux hommes opposent, chacun selon sa sensibilité, une autre manière d'être et de parler, faisant du silence un acte de résistance et rappelant la nécessité de soigner son Logos et de s'écouter avant de s'affronter. Étudier le silence chez More et Érasme au temps de la Réforme conduit ainsi à interroger sur la place du silence dans leur formation respective, à la Chartreuse de Londres pour le premier, au sein de la devotio moderna pour le second. En ces lieux de prière et de foi, ils s'arment tous deux d'un solide bagage érudit et spirituel auquel ils auront recours lorsqu'ils devront affronter la langue des hommes devenue diabolique. Attachés à un langage exigeant, ils rejoindront régulièrement les rives du silence pour recouvrer leurs forces avant de répartir, inlassablement, dispenser la Parole de Dieu dans leur époque bouleversée.
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