Résumé :
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Dans les relations entre l’Éthiopie, pays enclavé de 120 millions d'habitants, et la mer Rouge s'entrecroisent représentations symboliques et nécessités économiques vitales. L'interrogation de ces liens particuliers imposent une lecture historique ainsi que l'examen d'une géographie portuaire contemporaine des rives sud de la mer Rouge et du golfe d'Aden. Les dirigeants éthiopiens issus des monarchies chrétiennes, de la dictature militaire ou de la coalition de partis ethniques, veillent à sécuriser les routes menant aux littoraux pour s'assurer un accès ou si possible un contrôle direct des principaux ports. L'analyse de l'évolution des stratégies maritimes éthiopiennes montre leur dépendance aux mutations politiques du pays et à sa stabilité interne. En période de calme et de croissance de son PIB, l’Éthiopie prend la stature de "l'enclavé" dominant soucieux de ses intérêts commerciaux et de la diversification de ses débouchés maritimes. Les troubles récents influencent le retour des discours revendiquant les littoraux de la mer Rouge comme symbole d'une unité nationale mise à mal. L'enclavement d'un pays très peuplé combiné à son instabilité croissante peut constituer une menace non négligeable pour la paix sur la rive africaine de la mer Rouge et du golfe d'Aden, à moins que des solutions durables et négociées par tous les partenaires, internes ou externes, concernés ne soient apportées.
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