Résumé :
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L'évaluation de deux ouvrages récents sur l'histoire des Indiens d'Amérique du Nord, Indigenous Contnent: The Epic Contest for North America de Pekka Hämälïnen (2022) et The Rediscovery of america: Native Peoples and the Unmaking of U.S. History de Ned Blackhawk (2023), qui se veulent rénovateurs, offre l'occasion d'un état des lieux. Les deux auteurs soulèvent deux des grandes questions qui animent le champ, celle de la capacité d'agir des Amérindiens, reconnue et acceptée de façon consensuelle par les historiens, et celle de leur raison d'agir, pour laquelle des visions contrastées se font jour. Dans cette note critique, nous nous demandons dans quelle mesure l'importance accordée par N. Blackhawk et P. Hämälïnen à la capacité d'agir des Autochtones n'a pas précisément pour effet d'enfouir la réflexion sur leur raison d'agir. Si P. Hämälïnen, à la différence de N. Blackhawk, insiste sur l'écueil de la téléologie et s'efforce de valoriser la variété des modes d'intrusion coloniale, les deux historiens se retrouvent dans leur renoncement à une forme d'anthropologie qui, par le passé, a été soucieuse de restituer l'intégrité culturelle des Autochtones. Le lexique analytique choisi, à l'exemple du terme "empire", conduit parfois à un effacement de la différence culturelle et à une torsion de l'histoire. Cette note plaide ainsi pour une complémentarité retrouvée entre histoire et anthropologie.
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