Résumé :
|
Les analyses les plus courantes de la révolution égyptienne de 2011 ont négligé le rôle joué par les paysans dans la cristallisation de la révolte populaire qui a conduit à la chute de Hosni Moubarak. Depuis plus d'une vingtaine d'années pourtant, les campagnes égyptiennes ont été secouées par de violents conflits et mouvements de protestation qui ont connu un regain d'intensité avec le déclenchement de l'insurrection de janvier 2011. Jusqu'à la reprise en main d u pouvoir par l'armée, agriculteurs et paysans ont continué de se mobiliser à travers différentes actions et autour de revendications pour l'accès à la terre et aux ressources, prenant également une part active dans le mouvement de renouveau syndical. Cependant, malgré un certain écho auprès des forces politiques de l'opposition, la voix des fellahs est restée peu entendue dans l’Égypte post-révolution. Les configurations politiques et les rapports de force issus des élections qui ont suivi mais aussi l'éclatement et la politisation des syndicats agricoles qui empêchent une coordination efficace des actions de défense des intérêts des fellahs sont autant de facteurs qui limitent la capacité de cette composante sociale à se transformer en force politique et à s'imposer comme un interlocuteur crédible auprès des autorités publiques.
|