Résumé :
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La notion de substance, liée au verbe "être" en grec en tant qu'équivalent d'ousia, est une notion centrale aussi bien de la métaphysique et de la logique aristotéliciennes que de la théologie thomiste. C'est aussi pourquoi elle est parmi les première notions de la philosophie occidentale à être introduites en Chine. Sa traduction et son interprétation par les jésuites reflètent la différence fondamentale non seulement entre le chinois et les langues indo-européennes, mais aussi entre deux visions du monde, confucéenne et chrétienne. L'intraductibilité du mot "substance" consiste, d'une part, dans la non-superposabilité des connotations philosophiques entre le terme gréco-latin et son équivalent chinois ; d'autre part, dans l'incompatibilité grammaticale (la structure de prédication en grec et son absence en chinois). Mais il n'en reste pas moins que les deux visions du monde sont comparables en termes de principe suprême : Dieu ou la substance divine d'un côté, le Li de l'autre. La question se pose alors de savoir comment procéder au dialogue interculturel tout en reconnaissant les différences linguistique et culturelle. Nous proposons de substituer à l'absolument universel un relativement universel, c'est-à-dire une comparabilité sans identité, une intelligibilité sans traductibilité.
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