Résumé :
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Après l'accord de Paris de 2015, suivi d'annonces et de programmes ambitieux de lutte contre le changement climatique, confirmés sinon renforcés après la crise Covid, la marche vers la transition écologique semblait bien engagée en Europe. Mais bousculées par la crise énergétique et la hausse du coût de la vie qui sont suivi l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les opinions publiques ne sont pus, désormais, aussi réceptives aux objectifs fixés par cette transition et aux contraintes qui les accompagnent. Un nouveau son de cloche se fait entendre, en Europe comme dans d'autres pays, tendant à associer les politiques écologiques à une restriction des libertés individuelles, et à des contraintes sur les modes de vie de moins en moins bien tolérées. Peut-on encore (et comment ?) concilier écologie et libertés ?
Comme le montre Jean Haëntjens dans cet article, le changement climatique a bousculé les concepts et l'idée que l'on se faisait, depuis des siècles, de la liberté, et cette remise en question touche aux fondamentaux des sociétés démocratiques et libérales. Pour comprendre le changement de paradigme qui se profile, Jean Haëntjens rappelle ici les différentes dimensions couvertes par la problématique des libertés - le contrat social a-t-il changé, doit-il être revu ? Il présente l'évolution en cours de la pensée relative aux libertés, les leviers susceptibles de les réguler en conservant l'objectif de préservation de notre environnement, les acteurs (traditionnels et émergents) sur lesquels s'appuyer pour (ré)concilier écologie et libertés. Enfin, il souligne la dimension géopolitique qui transcende ces débats au travers des trois principales voies civilisationnelles proposées pour y parvenir (Chine, États-Unis, Europe). Les citoyens se raidissent en matière d'écologie, c'est manifeste, mais la cause n'est peut-être pas perdue si l'on parvient à repenser ce rapport à leurs libertés...
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