Résumé :
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Fondé sur l'observation de 78 séances d'éducation à l'égalité entre les sexes à l'école et sur une série d'entretiens menés auprès de 53 élèves du premier et du second degré, cet article étudie les catégories de jugement enfantines et adolescentes du discours égalitaire. Il montre que les élèves de classes populaires tendent à appliquer à ce discours des critères de jugement hétérodoxes, d'ordre technique ou éthique notamment, qui les portent à le subvertir et à en rejeter les aspects les plus contestataires. Les élèves de catégories sociales favorisées dont la socialisation familiale entre davantage en affinité avec l'habitus inculqué par l'institution scolaire se distinguent au contraire par une critique plus orthodoxe des stéréotypes de genre, par l'utilisation du registre politique, et par leur plus grande familiarité avec les enjeux de genre et de sexualité. L'article montre en définitive comment les actions d'éducation à l'égalité entre les sexes à l'école, en même temps qu'elles bousculent les rapports de genre, contribuent, à travers les usages différenciés dont elles font l'objet de la part des élèves, à la reproduction et à la recomposition des rapports de classe et de race.
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