Résumé :
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Bien qu’il suscite toujours d’âpres controverses, l’impact économique de l’immigration est généralement considéré comme plutôt positif, tant pour les pays d’accueil que pour les pays d’origine. Mais qu’en est-il, plus généralement, des effets à long terme des immigrés et de leurs descendants sur les pays d’accueil ? Cette question plus complexe est rarement abordée, mais elle fait l’objet de travaux dont cet article de Pierre-Yves Cusset rend compte, à la lumière du livre de Garett Jones, The Culture Transplant: How Migrants Make the Economies They Move to a Lot like the Ones They Left.
Plusieurs enseignements s’en dégagent. D’abord, les spécificités des immigrés, en termes de valeurs et normes sociales, ne disparaissent pas lorsqu’ils traversent la frontière ; de surcroît, ils les transmettent plus ou moins à leurs enfants et petits-enfants, mais les différences s’estompent au fil du temps. Ensuite, la force des liens humains prime sur celle des lieux et la diversité d’ascendance a des effets ambivalents : plutôt positifs sur la prospérité économique lorsqu’il s’agit de talents, d’expérience ou de compétence ; plutôt négatifs sur la confiance et la capacité à coopérer, notamment lorsqu’il s’agit d’attributs hérités (sexe, ethnicité…). Garett Jones conclut que l’apport de millions d’immigrés (il fait référence aux États-Unis), s’il peut être un avantage à court terme, présente aussi des dangers à long terme — en particulier en cas d’accueil massif d’immigrés provenant de pays à bas niveau de confiance et de civisme, et à haut niveau de corruption ou conflictualité. Mais il se garde bien de formuler un jugement péremptoire qui serait vrai quel que soit le pays d’origine ou d’accueil des immigrés.
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