Résumé :
|
Comment travaillent les fonctionnaires géographes médiévaux postés en Asie centrale, dans une préfecture située aux confins du monde impérial chinois ? Comme ailleurs, ils produisent des écritures grises afin d'informer le pouvoir central et leurs successeurs de leur gestion administrative et de la situation sociale de la zone dont ils ont la charge. Cette paperasse n'était logiquement pas destinée à être conservée. Cependant, la découverte fortuite de milliers de manuscrits emmurés à Dunhuang présente à l'historien et à l'historienne une dizaine d'écrits géographiques locaux susceptibles de combler les blancs d'une production scripturaire importante mais méconnue. L'analyse proposée dans cet article suit une trajectoire double; Elle s'attelle d'une part à montrer la codification de genres géographiques comme les guides et les traités illustrés, dont peu d'éléments matériels sont communs. D'autre part, elle dévoile les indices qui attestent une richesse typologique indéniable, à travers la présence de topographies et de récits narratifs. L'étude de ces manuscrits souligne combien la circulation du savoir géographique était tant verticale qu'horizontale, et bien plus complexe que l'image héritée de 'historiographie impériale. Ce travail permet de réévaluer les débuts du tournant local dans la production des savoirs bureaucratiques, de caractériser l'affirmation du rôle des acteurs locaux en dépit d'un anonymat de façade et de mettre en évidence la manière dont se construit une localité dans la Chine médiévale.
|