Résumé :
|
Les violences qui ont cours en Centrafrique se sont répercutées sur le musée national des arts et traditions populaires "Barthélemy Boganda" de Bangui. Le bâtiment a été pillé et les collections ont été remisées dans des caisses en bois où la plupart d'entre elles continuent de se dégrader. Les initiatives qui visent une réouverture insistent sur la promotion de la mémoire du passé pour appuyer le rétablissement de la cohésion sociale dans un pays divisé par les conflits intercommunautaires. En reconstituant la trajectoire de l'institution muséale, depuis sa fondation au milieu des années 1960, on interroge la manière dont elle a véhiculé un récit sur le passé qui s'est superposé, en les oblitérant, sur d'autres expériences du temps et d'autres usages de la mémoire qui sont cours parmi les populations. Ces pages défendent l'importance de penser l'échec d'un projet muséal, la place de l'iconoclaste, celle de la ruine et de la destruction d'artefacts, au moment où les débats sur les "restitutions" d'objets culturels s'intensifient.
|