Résumé :
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Autrefois perçue par les chercheurs et les paysans locaux comme une région frontalière, situées aux marges de la théocratie peul du Fouta-Djallon et de l'arrière-pays malinké, les régions de mangrove de la Guinée côtière ont constitué le cadre idéal pour l'établissement de sociétés acéphales cultivant l'art de ne pas être gouvernées, pour reprendre l'expression de Scott, et jouissant d'une grande liberté. Toutefois, ces sociétés étaient organisées autour d'un ordre gérontocratique d'autant plus fort qu'il fut renforcé par la domination coloniale et renversé tardivement, pendant la période postcoloniale. Aujourd'hui, ces régions sont à nouveau une frontière, mais une frontière d'un autre genre, en raison du nombre croissant de compagnies minières exploitant la bauxite, dont une quinzaine sont arrivées depuis 2015. Dans cet article, j'analyse la transformation de cette double frontière africaine, intérieure et extractive, en observant les connexions entre les nouveaux paysages miniers et les liens générationnels, et en réfléchissant à la nature de la recherche et de la connaissance anthropologiques.
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