Résumé :
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Dans son Grand Commentaire du traité De l'âme d'Aristote, Averroès récuse la position d'Alexandre d'Aphrodise sur la pensée de l'Absolu. Il lui reproche de soutenir que l'âme humaine, en dépit de sa finitude, puisse penser les réalités séparées, incorruptibles par essence. l'intellect se conformant à l'intelligible dans l'acte d'intellection, cela demanderait en effet de concevoir une absurde transmutation du fini en infini. A ses yeux, par conséquent, le système d'Alexandre s'effondre ; à moins de postuler, dit le Commentateur, une sorte d'accueil de l'Absolu qui ne soit pas une réception et déroge ainsi au processus de l'assimilation formelle. Cette perspective révolutionnaire viendrait rompre le cadre de la psychologie aristotélicienne. Averroès n'en veut pas, mais, au détour de sa critique, il ouvre une possibilité conceptuelle qui sera celle, en partie, de la pensée contemporaine. On le suggère avec l'exemple d'Emmanuel Levninas.
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