Résumé :
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Cette chronique de l'exposition "sur la route des chefferies du Cameroun" présentée en 2022 au musée du quai Branly-Jacques Chirac, pointe les dérives d'un récit identitaire. À la manière d'un voyage d'immersion, les promoteurs de l'événement proposent une visite initiatique de la chefferie bamiléké, où le public découvre tour à tour un large éventail de croyances totémiques au fondement de la vie religieuse et morale, une théosophie de la nature confondue avec la mythologie bamiléké, un régime politique équilibrant monarchie et démocratie, et une organisation sociale conforme au principe d'égalité entre hommes et femmes. Composé de vrais-faux coutumiers convertis en totems et en fétiches, l'héritage donné à voir au fil du parcours est justifié au nom d'une tradition séculaire, combinant habilement caractères primitivistes et tendances de notre temps. Les concepteurs camerounais ont ainsi misé sur l'animisme écologique pour séduire bailleurs de fonds et visiteurs, aux dépens de l'histoire et de l'élan décolonial.
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