Résumé :
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Partant de l'analyse d'une expérience d'expropriation d'une soixantaine de famille dans un quartier périphérique de Yaoundé, cet article étudie la manière dont le complotisme s'articule aux pratiques coercitives en vue du maintien de l'hégémonie au Cameroun. Il montre d'abord comment, face à un risque de déflagration sociale et d'arrêts des chantiers, les forces de police sont parvenues à maintenir l'ordre en instrumentalisant le complot en vue de disqualifier les critiques et les menaces des populations locales, lesquelles ont été les cibles d'une violence policière déployée de façon différenciée et "dosée" en fonction de leur statut socio-politique. Il montre ensuite comment cette violence est incorporée par les populations et module leurs critiques du pouvoir, en favorisant quotidiennement une posture ambivalente marquée à la fois par des discours de soutien aux idéaux et aux projets de l’État et par des discours dénonciateurs marqués du sceau du complotisme.
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