Résumé :
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Au Burundi, dans l'effervescence politique suscitée par la transition vers l'indépendance, les rumeurs ont constitué un support privilégié de l'information et de la propagande. A travers l'exemple de l'une de ces rumeurs, dite "du cachet", bien documentée par les sources orales et écrites, cet article propose d'explorer les imaginaires et les représentations populaires convoquées pour dire la politique dans le débat public que la décolonisation a ouvert au pluralisme partisan. Les déclinaisons chronologiques, territoriales et événementielles de cette rumeur permettent d'éclairer de manière originale les tensions et les enjeux politiques de la période. Non seulement elle mettent au jour les croyances de l'occulte et les ressorts de la fidélité monarchique qui dynamisaient alors la vie politique, mais encore elles dévoilent les processus différenciés de la structuration des audiences publiques et les recodages locaux de la réorganisation des pouvoirs qui ont accompagné les bouleversements politiques du début des années 1960.
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