Résumé :
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Peste et violence à Saint-Louis-du-Sénégal, 1917-1920. - Dans cet article, nous examinons l'impact de l'épidémie de peste sur la société coloniale urbaine à Saint-Louis entre 1917 et 1920. L'étude montre que puisque les pauvres, qui vivaient dans des conditions hygiéniques déplorables, étaient les plus touchés, les mesures prises contrela peste prirent très vite un caractère discriminatoire. Le refus des autorités médicales de trouver un compromis entre les exigences de la prévention de la contagion et les pratiques culturelles et religieuses des pauvres, concernant spécialement les rites funéraires, provoqua la colère de ces derniers et une campagne de désobéissance qui dura plusieurs mois. La crise révéla une profonde division entre les autorités médicales, qui recommandaient l'utilisation de la force contre "les rebelles" d'un côté, et les autorités politiques. Malgré l'intervention des personnalités, telles que Carrera et Blaise Diagne, auprès des représentant des habitants des quartiers contaminés, les positions des uns et des autres n'avaient pu être réconciliées. La peur de voir l'épidémie gagner les classes les plus aisées poussa les autorités à déclarer l'état d'urgence, à forcer les récalcitrants à rejoindre le lazaret, et à incendier les quartiers contaminés. Les évacués restèrent sans domiciles fixes jusqu'au jour où la décision fut prise de reconstruire Guet-Ndar.
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