Résumé :
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Au Mali, pays toujours perçu et vendu comme une terre d’authenticité où prévaut le tourisme culturel, l'esprit de rencontre et de partage avec les populations, le touriste de MacCannell prend tout son sens. Mais la rencontre escomptée est-elle possible? Pour différentes raisons (pas uniquement linguistiques), elle est médiatisée par des acteurs très peu analysés dans la littérature sur le tourisme. Cet article tente d'éclairer les liens entre les guides touristiques et la quête authenticité de leurs clients. La question de l'authenticité est d'abord questionnée dans sa double nature, que Selwyn qualifie de "froide" et "chaude". Les stratégies des guides pour nourrir cette double quête sont analysées, en même temps qu'est relativisé le caractère trompeur de leur activité. Si les guides parviennent à instaurer avec leurs clients une relation fraternelle transférable à l'ensemble des villageois, leur talent réside plus dans la connaissance et l'adéquation des réponses aux désirs touristiques que dans des mises en scène factices et artificielles. La question de l'authenticité est alors reconsidérée sur le terrain malien. Préexistante au tourisme, l'émergence de la notion dans les politiques culturelles du pays inaugurait la convergence des politiques culturelles et touristiques, et celle de leurs manifestations. Cette fusion met en question l'idée de simples mise en scène nourrissant les désirs étranger au profit du dynamisme culturel. Tels des courtiers en développement, les guides peuvent devenir des acteurs sociaux et culturels du Mali contemporain, rejoignant une élite politico-intellectuelle active dans la reconstruction contemporaine des identités. enfin, l'article se penche sur a nature des relations entre les guides et leurs clients, fortement marquées par l'ambivalence. Le traitement paradoxal des colonisés des colonisés par les colons semble aujourd'hui se reproduire dans celui des ex-colons par les ex-colonisés. Héritière de situations antérieures de violence et de dominant coloniales, la rencontre touristique porte en elle ce paradoxe et s'avère pour cette raison plus authentique qu'elle ne paraît.
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