Résumé :
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Le Mausolée Brazza, corps mystique de l’État congolais, s'inscrit dans une logique profondément sacrificielle des avatars de la souveraineté coloniale en postcolonie. Blancs et Noirs, francs-maçons et chrétien, intellectuels et populations sont convaincus de l'utilité de son non-sens social o biopolitique : les Blancs qui ont pris une part active à sa construction le croient sans doute plus efficace, pour servir leurs desseins et intérêts, que les hôpitaux, les dispensaires, les médicaments, l'eau et l'électricité qui manquent à la majorité des Congolais ; les Noirs y voient le lieu de leur sacrifice pour servir les intérêts des Blancs et de leurs agents et supplétifs noirs ; les intellectuels y voient une "folie congolaise", tandis que les chrétiens y voient la figure du diable et de la mort au service des francs-maçons. Le sacré et le sacrifice s'imposent dès lors comme le fondement du sentiment partagé de l'utilité de la mort, de la folie et du non-sens. Or, ce sentiment de l'utilité de l'inutile, de la folie et de la mort traduit la réalité de la biopolitique et du fétichisme du Souverain moderne, pouvoir du "négatif" ou du diable, cet "esprit que Dieu aime".
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