Résumé :
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Cet article revisite les différents projets de voyage ou de recherche africanistes développés par Alain Locke, dans la première moitié du XXe siècle, et il s'interroge sur les raisons de leurs échecs successifs à l'Université d'Howard. Basée sur diverses archives, et sur des rééditions récentes, cette enquête historique vise à replacer le développement des African Studies dans leur contexte institutionnel et politique, tout en soulignant certains rapports de force et certaines filiations méconnues. Si les études africaines et afro-américaines sont, aux États-Unis, étroitement associées au nom de Melville Herskovits, ce dernier doit beaucoup à la démarche théorique et aux problématique culturalistes initiées par Alain Locke et divers africanistes noirs américains. Mais en se focalisant, parallèlement, sur les diverses situations coloniales du monde noir, certains spécialistes afro-américains en sciences sociales ont également exercé une certaine influence dans la réforme des systèmes coloniaux : la carrière internationale de Ralph Bunche s'inscrit par exemple dans le prolongement des projets africanistes d'Alain Locke. En définitive, les relations entre Locke, Herskovits et Bunche révèlent quelques tensions inhérentes au projet afro-américain d'études africaines, et constitutives de l’opposition entre africanisme et afrocentrisme.
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