Résumé :
|
Partant de la position particulière qu'à occupé le Mali dans la recherche africaniste française, cet article tente de mesurer l'éventuel épuisement ou les prolongements actuels et à venir de la perspective dynamique lancée par Balandier. L'incontournable cas dogon montre en premier lieu que si ces dernières années deux ouvrages se sont remarqués pour leur analyse novatrice, peu de travaux sur les Dogon ont suivi la voie ouverte par Balandier. L'article se penche ensuite sur les travaux de trois importants auteurs inscrits dans la filiation de Balandier : Meillassoux, Bazin et Amselle. Il est montré que les deux premiers ont concentré leurs recherches sur l'étude des dimensions politico-économiques des sociétés dites "traditionnelles", laissant de côté toute une part de la perspective dynamiste qui prônait l'étude des champs d'expériences politiques et économiques nouvelles. Recourant également à l'histoire, le troisième auteur à en revanche produit une série de textes portant sur les aspects les plus contemporains des sociétés maliennes. Néanmoins, malgré les travaux de Jean-Loup Amselle conjugués à la production spécifique de quelques anthropologues, les recherches sur les dynamique sociopolitiques du Mali se sont longtemps caractérisées par une certaine errance, même si différents programmes collectifs mis en œuvre après 2000 semblent augurer de nouveaux regards anthropologiques. Rappelant un texte d'Alain Ricard plaidant pour la mise en textes des discours et l'analyse des performances culturelles, ainsi qu'une remarque de Georges Balandier à propos des décalages existants entre les aspects "officiels" de société et la pratique sociale, l'article appelle finalement à une anthropologie de ces décalages qui ne peut être menée à bien qu'à travers le décalage du regard anthropologique lui-même, qui devrait se concentrer sur les nouvelles pratiques sociales et culturelles dont le Mali regorge.
|