Résumé :
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Cet article sur l'un des épisodes majeurs de l'histoire du Kenya, la guerre des Mau Mau (1952-1960), à l'occasion de la publication récente d'une série d'ouvrages historiques sur le sujet (c. Elkins, Britain's Gulag et D. Anderson, Histories of the Hanged en 2005 puis, en 2009, D. Branch, Defeating Mau Mau, Creating Kenya). Malgré des divergences de vue importantes qui ont alimenté les polémiques, le point commun à ces trois ouvrages est l'étude de la violence de cette période retracée à partir des trajectoires et des récits de ses acteurs. Ce type de démarche contribue au renouvellement de l'historiographie du sujet tout en ravivant les mémoires d'un événement sensible. Si l'histoire de la violence coloniale fait encore l'objet de controverses et de débats, c'est parce qu'elle cristallise des mémoires concurrentes : mémoire des victimes et des sacrifices des combattants toujours en quête de reconnaissance. Ce sont précisément ces télescopes de l'histoire et de la mémoire qui sont au cœur de l'analyse proposée. Comment dire la violence ? Quelle est la place des témoins et des acteurs de cette violence et de sa mémoire dans le récit historique ? L'analyse des interprétations proposées par les historiens qui s'appuient sur des enquêtes radicalement différentes permet de dégager quelques pistes pour répondre à ces questions complexes. Tout en se rattachant à un débat plus large sur la violence extrême amorcé il y a une vingtaines d'années, un tel questionnement éclaire également les enjeux contemporains de ces interprétations parfois plus mémorielles et politiques qu'historiques.
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