Résumé :
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A première vue, la poterie est une activité qui se pratique de manière individuelle : chaque potière maîtrise son ouvrage du début à la fin de la chaîne opératoire ; chaque artisane possède un espace réservé au sein de la concession ; le profit financier de la production est propre, puisque la totalité des gains, lors de la vente des récipients, revient à l'artisane. Néanmoins, les enquêtes de terrain menées dans la région de l'Arewa (centre-sud du Niger) révèlent qu'à chaque étape de la chaîne opératoire, l'artisane est en contact plus ou moins étroit avec d'autres praticiennes : apprenties, artisanes de sa localité ou d'autres localités. Si ces contacts sont parfois informels, des regroupements ont lieu régulièrement par le biais de certaines étapes de la chaîne opératoire tels que la cuisson, le site d'extraction et le marché. Ces étapes s'effectuent au sein de quatre cadres de pratique : l'atelier et le lieu de cuisson (à l’échelle villageoise) ; le site d'extraction et le marché (à l'échelle microvillageoise). L'ensemble de ces cadres constitue l'espace de pratique des artisanes au sein duquel se déroulent des actions collectives, des échanges de connaissances et une collaboration entre les potières. ce papier propose d'une part, de mettre en évidence les points de contacts qui lient et interconnectent les potières d'une même localité et des différentes localités de la zone d'étude et, d'autre part, d'évaluer l'impact de l'espace partagé de pratique sur la distribution des techniques céramiques. Nous tenterons également d'évaluer l'étendue spatiale des connaissances techniques des potières afin d'aborder comment, par quelle voie et sous quelle forme circulent les connaissances techniques.
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