Résumé :
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Cet article se propose d'explorer la transgression des normes religieuses par les croyants (pasteurs et fidèles) associés au Réveil qui, à l'instar du pentecôtisme, connaît un succès spectaculaire en République démocratique du Congo et dans la diaspora depuis quelques décennies. Affirmée avec force par les convertis et objet de divisions dans la société globale, la frontière entre "monde chrétien" et "monde païen" n'est pourtant pas toujours identifiable à partir de la morale, salvatrice et "civilisatrice", revendiquée. En témoignage la récurrence des scandales, impliquant les Églises et leurs responsables autour des questions d'argent ou de sexe. A partir de recherches menées depuis une dizaine d'années dans les milieux congolais, nous examinons l'ambivalence de la morale sexuelle en considérant le fait que si l’Église est le lieu d'adhésion à une utopie normative, en construction, elle peut aussi être le lieu privilégié d'hébergement de pratiques, précisément contradictoires avec la norme chrétienne. Nous verrons que la notion d'hétérotopie proposée par Foucault pour penser des "espaces autres" permet d'éviter l'écueil d'une approche binaire (émancipation versus soumission) de l'offre religieuse à la faveur de référentiels identitaires pluriels et redevables de l'histoire longue. La prise en compte de ces transgressions permettant d'éclairer la complexité de la question du genre dans et hors l’Église.
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