Résumé :
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Qu'est-ce que les nouvelles pratiques théâtrale africaines peuvent nous apprendre sur la circulation des discours sur les migrations et les voyages des jeunes africains vers l'Europe ? c'est par l'examen et l'analyse d'une pièce théâtre, Essingan, écrite et produite en 2006 par des migrants refoulés au Mali, que nous allons tenter de répondre à cette question. En effet, par le biais de la création théâtrale, les migrants ont pour la première fois pris la parole en leur nom et proposé un discours quelque peu différent sur la migration. Cet article propose de montrer que si l'ensemble des discours antérieurs sur la migration ont été actualisés par les auteurs d'Essingan, la mise en scène et la mise en mots produites, bien qu'insérées dans perspective militante, proposaient une tout autre vision du parcours migratoire et des enjeux complexes qui s'y jouent. En dépassant une approche victimaire univoque, ils ont rendu compte de la complexité des relations humaines et des rapports de pouvoir qui constituent toute situation sociale, toute expérience collective. Ce que nous souhaitons démontrer est que Essingan contribue à mettre en évidence de nouveaux discours sur la migration, tant du point de vue des modalités théâtrales que du dialogisme discursif qui en constitue la forme textuelle. La mise en scène et les choix linguistiques ne peuvent qu'interroger quant au rôle que peut prendre ne telle pièce dans le champ discursif sur la migration, et sur son éventuelle mise en cause des discours instituants autour des migrants.
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