Résumé :
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Le saxophoniste Albert Ayler enregistre en 1969 (Masonic Inborn", une longue et intense improvisation à la cornemuse. C’est, à notre connaissance, le seul titre de l'histoire du jazz faisant ouvertement référence à la tradition maçonnique. Cette rareté ne doit pourtant pas occulter que le fait maçonnique demeure un sujet passionnant et méconnu de l'histoire du jazz. De très nombreux jazzmen d'avant-guerre ont appartenu activement à la maçonnerie noire américaine, dite de "Prince Hall", sans pour autant l'afficher dans leurs œuvres artistiques. Après la Seconde Guerre mondiale, la maçonnerie est délaissée par les musiciens au profit de mouvements jugés plus actifs politiquement. Paradoxalement, l'utilisation de symboles maçonniques - au même titre que toute une mythologie égyptienne, afrocentrique, orientale, contre(culturelle - s’affiche beaucoup plus ouvertement sur les pochettes de disques, affiches, tracts de cette époque. En étudiant des personnalités telles que Duke Ellington, Sun Ra, Cab Calloway, Ayler mais aussi Martin Delany, Lewis Hayden, Price Hall, nous découvrirons comment les sociétés initiatiques afro-américaines, dont la franc-maçonnerie, ont finalement porté la gestion d'une symbolique afrocentrique primordiale. Fait essentiel, constitutif mais méconnu de l'Atlantique s'affichera, par un phénomène d’extériorisation inédit, sur les scènes musicales américaines avant de devenir le paradigme intellectuel et politique que l'on sait.
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