Résumé :
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Cet article propose une réflexion sur les médias sociaux comme outils de démocratisation de l'espace public. Il prend pour cas d'étude le Burundi de 2015. Alors que le président Pierre Nkurunziza voulait briguer un troisième mandat, en contradiction avec les prévisions des accords d'Arusha, la contestation de ce que ses opposants ont considéré comme un coup de force s'est faite dans la rue mais aussi dans les médias sociaux, surtout Facebook. L'article montre que, contrairement à un paradigme dominant au sein des études sur les médias sociaux qui a pris de l'ampleur au moment des printemps arabes, les médias sociaux ne sont pas tant des espaces où se développent et s'affûtent des débats démocratiques, car ils fonctionnent essentiellement comme des caisses de résonance d'opinions politiques et de lectures du monde social déjà présentes dans la société. Par ailleurs, ces médias ne sont uniquement investis par des individus ou des groupes qui s'opposent au pouvoir en place, mais aussi par des acteurs du régime et par leurs soutiens, de sorte que leur potentiel contestataire est aisément verrouillé, en contexte autoritaire, faisant frein au succès des mobilisations sociales populaires.
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