Résumé :
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A partir du XVIIIe siècle, la classification de l'humain dans le règne animal a fait l'objet de vifs débats, dans lesquels se sont notamment opposés les partisans de l'ordre des Bimanes et les défenseurs de l'ordre des Primates. Cet article retrace l'histoire des discussions relatives au statut taxinomique de l'humain, de la première édition du Système de la nature de Linné en 1735 jusqu'à nos jours. S'il se pose aujourd'hui en d'autres termes, le questionnement sur la place de l'humain dans le système zoologique est pourtant loin d'être clos. Depuis le milieu du XXe siècle, la désignation de la lignée humaine a varié à plusieurs reprises, des "hominidés" aux "hominés", aux "hominimes", puis aux "hominiens". La lignée humaine a été tantôt placée au rang taxinomique de la famille Hominidae (correspondant à la forme francisée "hominiencs"). En identifiant les différentes raison permettant d'expliquer ces changements dans la dénomination et la classification de l'humain, cet article met en évidence les enjeux philosophiques sous-jacents à ces querelles taxinomiques. Nous montrons que ces variations terminologiques ne relèvent pas d'une problématique strictement nomenclaturale : elles reflètent non seulement l'histoire des hypothèses sur la phylogénie des primates, mais aussi l'histoire des tensions entre anthropologie et zoologie, toujours présentes dans les débats sur les classifications de l'humain.
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