Résumé :
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Il est acquis que les thèses darwiniennes et surtout néo-darwiniennes connurent une implantation difficile dans la communauté scientifique française. L'opposition qu'elles rencontrèrent participa à structurer un transformisme différent, généralement qualifié de néolamarckien. Ce transformisme français fut souvent décrit - et parfois par les scientifiques eux-même - comme une entité hétérogène, simple juxtaposition de conceptions critiques sans unité générale. Nous défendons ici une interprétation inverse de cette histoire. L'objet de ce texte est de présenter la positivité propre du néolamarkisme français. Ceci sous-entend que, d'une part, ce transformisme disposait d'une certaine cohérence interne, et que, d'autre part, celle-ci n'est pas réductible à une forme générale dont le cas français ne serait qu'une délimitation simplement géographique. Le néolamarckisme français fut cohéré par un projet, celui de rendre scientifique l'hypothèse transformiste. Il fallait à cette ambition une assise théorique, soit l'inscription de cet évolutionnisme dans l'explication causaliste mécanique de l'univers matériel. Il lui fallait également une projection empirique, soit le développement de ce que l'on appela alors le transformisme expérimental. Derrière ce projet, on lit le désir de construire un transformisme analogue au modèle de scientificité qu'était à la fin du XIXe siècle la physiologie bernadienne.
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