Résumé :
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Ellen McNiven Hine montre qu'exercent les théories de Newton sur Jean-Jacques Dortous de Mairan et tempête l'image donnée par des travaux antérieurs faisant de ce savant un fidèle disciple de René Descartes : elle qualifie alors l'académicien de "cartonian". Par ailleurs la bibliothèque de Mairan s'avère riche d'ouvrages aux inspirations scientifiques diverses, laissant supposer une curiosité, voire une pratique, débordant le cadre d'une doxa cartésienne. A travers l'examen de quelques éléments du système du monde proposé par Dortous de Mairan, ainsi qu'à l'aune de ses réflexions sur l'inertie et sur la cohésion de la matière, cette étude vise dans un premier temps à justifier que le qualificatif "cartésien" ne rend qu'insuffisamment compte du mécanisme adopté par Mairan : si, en suivant la thèse de McNiven Hine, Mairan n'est plus tout à fait "cartésien" du fait de l'influence d'Isaac Newton, il s'éloigne aussi de Descartes de par sa lecture de Nicolas Malebranche. L'étude s'attache par ailleurs aux analyses de Mairan relatives à la qualification de la force d'un corps en mouvement, et à celles touchant à des collisions de mobiles sur des surfaces fixes : ces premiers travaux montrent la diversité d'usage du mot "force", qui correspond à un simple mouvement et/ou à une impulsion; les seconds s'inscrivent dans des pratiques qui préfigurent la formulation du principe de d'Alembert.
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