Résumé :
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Albert Vandel et Pierre-Paul Grassé furent des zoologistes reconnus et influents en France dès le milieu du XXè siècle. Ils furent également, en France, parmi les derniers opposants scientifiques aux thèses du néodarwinisme, défendant une forme de néolamarckisme jusque dans les années 1980. Leurs théories ne sont pas équivalentes mais sont toutes deux fondées sur l'idée que l'évolution est le résultat de processus et de réactions internes à l'organisme, qu'elle est orientée dans le sens d'une complexification du psychisme mais qu'elle est tout de même "créatrice", au sens où elle est imprévisible et porteuse de nouveautés. Ils ne proposent néanmoins jamais de mécanisme pouvant constituer une alternative à la sélection naturelle. Notre analyse des arguments que Vandel et Grassé avancent contre les thèses du néodarwinisme nous conduira à montrer que leur évolutionnisme repose sur leurs thèses cosmogoniques et métaphysiques. On retrouve dans ces thèses des éléments de la métaphysique d'Henri Bergson et de la cosmogonie théologique de Pierre Teilard de Chardin. Leurs postulats scientifiques et métaphysiques diffèrent, parfois de manière très importante, mais leur vision de l'Homme, de la valeur et la destinée de l'humanité, semble être le point où convergent leurs pensées, justifiant leur rejet commun de l'adaptation et du hasard darwiniens et leur vision philosophique de la biologie.
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