Résumé :
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Contrairement aux premières descriptions sur l'acuponcture de Wilhem Ten Rhjine et Engelbert Kaempfer rédigées dans les dernières décennies du XVIIe siècle, les observations de Philipp Franz von Siebold ont reçu peu d'attention à son retour en Hollande en 1828. La curiosité de Siebold pour l'acuponcture était pourtant différente de celle de ses prédécesseurs puisqu'il ne s'est pas intéressé à l'acuponcture en général, comme l'ont fait Rhjine et Kaempfer, mais aux théories d'Ishizaka Sotesu, un acuponcteur japonais du début du XIXe siècle qui tenta de constituer une passerelle entre la médecine occidentale et la médecine sino-japonaise. Dans cet article, je commence par reconstituer la rencontre entre Siebold et Ishizaka en me basant sur des documents rares de la bibliothèque de l'Université de Leiden, du Musée d'ethnologie de Leiden et de la famille Ishizaka. J'examine ensuite les nouveaux développements qu'a connu acuponcture japonaise au tournant du XIXe siècle. Je montre comment Ishizaka appliqua ses connaissances sur l'anatomie occidentale à l'acuponcture, soutenant que cela lui donna de nouveaux outils méthodologiques et épistémologiques pour reconstruire les théories de l'acuponcture dans son propre cadre théorique, et que cela lui permit par conséquent de trouver une place dans les débats qui animaient la médecine japonaise depuis la fin du XVIIe siècle. Enfin, j'examine les raisons de l'intérêt de Siebold pour les théories d'Ishizaka et sa contribution à leur diffusion en Europe.
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