Résumé :
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Ce travail est consacré à la rencontre entre la philosophie canguilhémienne et la biologie moléculaire. Nous montrons que durant la seconde moitié des années 1960, Canguilhem fut moins gêné par le réductionnisme mécaniste de cette nouvelle biologie qu'il ne fut enthousiasmé par ce qu'elle semblait impliquer sur le plan de la théorie de la connaissance. Prenant au pied de la lettre l'idée alors très en vogue que la vie était langage, il pensa un temps pouvoir identifier le concept et la vie et ainsi réactiver une certaine forme de néo-aristotélisme. Cette perspective paraissait à même d'offrir une solution au problème de la connaissance de la vie, problème qui était au fondement de sa démarche philosophique depuis au moins le début des années 1940. Nous montrons ensuite que Canguilhem changea d'avis dans les textes qu'il publia après 1970. Discrètement, mais incontestablement, il renonça à la portée gnoséologique de la biologie moléculaire pour laquelle il avait nourri tant d'attentes quelques années auparavant. Ce revirement doit beaucoup, selon nous, à la lecture du livre de François Jacob, La Logique du vivant.
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