Résumé :
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Cette étude présente une lecture rhétorique de l'ouvrage de Jacques Monod, Le Hasard et la nécessité. La nouvelle rhétorique de Chaïm Perelman propose, dans les années 1960, un élargissement du champ d'action de la rhétorique antique à tout discours argumentatif, ce qu'est cet Essai de philosophie naturelle sur la biologie moderne. L'exorde de l'ouvrage laisse d'emblée apparaître que Monod maîtrise les normes rhétoriques mais qu'il en fait usage avec une certaine liberté. La narration, chargée d'exposer les concepts de sa philosophie, présente l'objectivité de la nature comme postulat de toute recherche scientifique et philosophique. Si la démarche argumentative est cohérente, l'exposé des concepts est parfois difficile d'accès, gagner l'adhésion du plus grand nombre. La réfutation de Monod se focalise sur quelques philosophes, et sur le marxisme en particulier, selon des procédés rhétoriques reposant essentiellement sur les différentes formes de polémiques. Sa confirmation est le cœur de son ouvrage : il y expose les avancées en biologie moléculaire comme autant de preuves de son postulat d'objectivité. Monod en profite, par un habile procédé rhétorique, pour présenter son épistémologie, fondée sur le hasard des mutations et la nécessité de la sélection naturelle. La péroraison donne lieu à une ultime digression où il tente de concilier valeur et vérité dans une éthique de la connaissance. Sortant alors du cadre imposé par les normes de la rhétorique, Monod ne peut convaincre tous les lecteurs comme le prouve la correspondance qu'il a reçue. Il fait cependant montre de réels talents d'écrivain.
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