Résumé :
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Dans Le Hasard et la nécessité, et dans La Logique du vivant, parus tous deux en 1970, Jacques Monod et François Jacob donnèrent une portée emblématique aux notions cybernétiques. Cette revendication s'avérait pourtant très ambiguë, dans le contexte d'une consolidation disciplinaire considérant que la collaboration avec des modélisateurs (mathématiciens ou ingénieurs) était étrangère à la biologie moléculaire. Cet article propose de mieux cerner la place de la cybernétique dans ces ouvrages de 1970, sur le plan théorique (les concepts) mais aussi sur le plan pratique (l'interdisciplinarité). L'analyse suit l'ordre logique et chronologique de la circulation des idées : la première partie précise sommairement les idées biologiques de Norbert Wiener, et montre qu'elles ne sont pas toutes cybernétiques (spécialement la question de l'hérédité). La deuxième partie réinterroge le statut du lexique cybernétique chez Monod et Jacob à la lumière de leur refus de collaborer avec des modélisateurs. après ces deux cadrages successifs, la troisième partie aborde la place de la cybernétique dans les ouvrages de 1970, en y examinant notamment les notions d'information, de programme, et de téléonomie. De Wiener à Monod et Jacob, il apparaît que l'hérédité, pensée comme réplication d'un programme sujette à du "bruit" mutatif, restait conforme au néodarwinisme et au "dogme cnetral" de la biologie de Monod et Jacob, vue d'aujourd'hui, ne fut que très modérément cybernétique, sa continuité avec la pensée biologique de Wiener ne passant pas entièrement par l'idée cybernétique d'inversion de l'entropie au moyen de la rétroaction.
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