Résumé :
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Cet article suit la trajectoire croisée de quatre psychiatres de formation à l'époque stalinienne, Vassilii Giliarovskii, Mikhail Gurevich, Anatolii Ivanoc-Smolenskii et Aleksandr Shmar'ian. Ils cumulent les fonction dans les instituts de recherche, dans les universités et au Commissariat à la santé ; tus tenants d'une approche anatomique, ils n'en sont pas moins concurrents, quand ils ne s'affrontent pas. Débutant avec la campagne "contre le matérialisme mécanique et l'idéalisme menchevik" lancée par Staline en décembre 1930, l'analyse s’intéressera aux lutes entre les protagonistes pour imposer leur démarche et faire carrière, à leurs manières d'agir et la redéfinition de règles sociales de la science. L'article avance l'hypothèse, à contre-courant de l'idée que les tournants autoritaires représentent forcément une fermeture des possibles, qu'ils peuvent aussi constituer une ouverture des possibles, tant sur les plans individuel qu'institutionnel. Ces opportunités nouvelles vont toutefois avec la mise à l'écart de démarches spécifiques et des collègues les défendant. Le rétrécissement des possibles intervient bien, mais pas avant le début des années cinquante, quand les autorités politique décident d'en finir avec le pluralisme dans les sciences.
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