Résumé :
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Je m’intéresse dans cet article au concept de matière tel qu'il est construit par Du Châtelet dans les Institutions de physique (1740). En partant de l'étude de la correspondance avec Maupertuis, je montre que l'acceptation du principe leibnizien de conservation de la force, ainsi que son évaluation par mv2, ne s'accordent pas avec l'atomisme revendiqué de cette période. L'adoption, dans les premiers chapitres des Institutions, d'une métaphysique des êtres simples issue de l’ontologie de Christian Wolff, peut alors être envisagée comme une manière de résoudre les tensions émergeant dans la correspondance, et relatives à la conception de la matière. Je montre cependant qu'il ne faut pas considérer que Du Châtelet se contente d'adopter l'idée d'une composition des corps matériels par des êtres simples inétendus en renonçant à toutes ses positions antérieures, mais plutôt qu'elle retravaille celles-ci à l'aune de la métaphysique nouvellement adoptée. Ainsi l'atomisme n'est-il pas abandonné, mais transformé et articulé au monadisme spécifique des Institutions de physique.
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